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Terrorisme étatique et patriotisme: Ah! Si Bongo avait été Abubakar...

20 février 1999

Il a fallu à Bongo 31 ans pour ne pas réussir ce qu'aura réussi à réaliser, en seulement 9 mois d'exercice du pouvoir, le Général Abdulsalam Abubakar du Nigeria. En effet, le général Abubakar a réussi à démontrer que quand un chef possède de vraies qualités de leardership, les choses peuvent évoluer rapidement dans le sens du progrès et de la concorde nationale.

Le Nigeria, en 38 ans d'indépendance depuis 1960, a connu 28 années de régimes militaires et dictatoriaux qui ont mené le pays à la ruine totale. Pays pétrolier comme le Gabon, le Nigeria fut jadis (il y a à peu près 20 ans) classé 33ème parmi les pays aux revenus les plus élevés du monde. Aujourd'hui, à cause du despotisme qui a caractérisé ses régimes successifs, le Nigeria est désormais, malgré ses richesses pétrolières, classé 13ème parmi les pays les plus pauvres du monde.

Cependant, aujourd'hui, grâce au Général Abdulsalam Abubakar, le Nigeria connaît enfin l'espoir d'un renouveau qui pourrait, avec le poids de ses 110 millions d'habitants, véritablement faire de ce pays le géant de l'Afrique qu'il devrait normalement être. Abubakar a pris les reines du pouvoir le 9 juin dernier, à la suite de la mort subite du Général Sani Abacha, arrivé au pouvoir par un coup d'état perpétré le 17 novembre 1993 contre Ernest Shonekan, le chef d'état qui avait remplacé Ibrahim Babangida démissionaire en 1993.

La mort subite de Sani Abacha le 8 juin 1998 a donc représenté pour les Nigerians un véritable miracle politique qui a permis à Abubakar, un général presqu'inexistant jusque-là, d'émerger de l'ombre et de prendre les reines du pouvoir. D'abord accueilli avec scepticisme, le nouveau président surprit tout le monde par la rapidité, le courage et le patriotisme de ses réformes. Le parcours présidentiel de cet homme providentiel ressemble plus à un conte de fées qu'aux réalités politiques auxquelles nous ont habitué des leaders africains comme Omar Bongo et beaucoup d'autres. En voici les principales étapes:

1) Dès sa désignation par l'élite militaire comme successeur d'Abacha le 9 juin 1998, Abubakar promit d'instituer au Nigeria un gouvernement civil et que lui-même ne ferait qu'accompagner une telle transition.

2) Il promit de ne point se porter candidat à l'élection présidentielle, mais plutôt de rendre le pouvoir aux civils une fois le nouveau président élu.

Pour joindre son geste à sa parole, Abubakar entreprit les réformes suivantes:

1) En près de deux semaines de pouvoir (du 9 au 26 juin 1998), il libéra tous les prisonniers politiques du pays.

2) Le 8 juillet 1998, il procéda à la dissolution du gouvernement pour totalement renouveler l'équipe dirigeante du pays et s'entourer de démocrates.

3) Il obligea tous les leaders militaires à déclarer immédiatement leurs revenus et salaires, afin d'instaurer une transparence qui éviterait les abus de son prédecesseur.

4) Il rapatria les énormes fonds détournés par Sani Abacha et récupéra les valises de milliards de dollars que l'épouse du défunt Abacha essayait de faire clandestinement sortir du pays

5) Il établit un calendrier électoral qui permit au pays d'élire ses représentants locaux le 5 décembre 1998, ses gouverneurs le 9 janvier 1999, ses députés le 2 février 1999 et son président le 27 février 1999. Cette campagne présidentielle est actuellement en cours.

Résultat: dès ses deux premiers mois au pouvoir, Abubakar justifia, aux yeux de la communauté internationale, la levée de toutes les sanctions et embargos économiques et politiques jusque-là prononcés contre le Nigeria par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et les autres. Le Nigeria va donc pouvoir profiter de sa nouvelle image pour relancer le processus de reconstruction du pays et les investissements étrangers qui ne manqueront point de se déverser sur le pays.

Quelle leçon peut-on tirer des actes patriotiques posés par Abubakar?

Abdulsalam Abubakar est un leader qui tient parole: en seulement 9 mois de pouvoir, il a fait vibrer le pays au rythme des changements démocratiques et des réformes structurelles. Il a promis de ne point se présenter aux élections présidentielles (qu'il aurait pourtant gagnées haut la main) et ne l'a pas fait. Comme prévu, le 29 mars, il passera les reines du pouvoir au nouveau président issu des élections du 27 février courant. Abubakar passera donc, si tout va bien, dans l'histoire de son pays comme le père de la démocratie nigeriane, un titre honorable au vu de l'histoire cahotique de son pays au cours des 38 dernières années.

Au Gabon, l'on a plutôt vu le contraire se produire. De 1968 à 1990, Omar Bongo s'efforça d'introduire le totalitarisme au Gabon. Pour consolider son pouvoir despotique, Bongo entreprit d'interdire toute expression politique pluraliste dans le pays en supprimant les partis politiques, de baillonner la population en supprimant les libertés d'expression, d'emprisonner ceux qui osaient s'exprimer politiquement et d'assassiner ceux qui risquaient de mettre en danger son régime. Ce despotisme virulent, soutenu par l'aide militaire apportée à Bongo par une France hégémonique, fut secoué, à partir de 1989-1990, par des revendications socio-politiques dont les fondements se trouvaient dans la crise économique qui, depuis le milieu des années 80, frappait le Gabon de plein fouet. Cette crise, avait eu un double effet pour le Gabon: elle contribua à montrer les faiblesses d'une économie gabonaise qui, jusque-là, grâce à la bonne tenue des cours du pétrole et du bois, avait donné l'illusion d'une solidité dynamique; elle contribua également à une prise de conscience de la part de la population gabonaise, prise de conscience qui lui révéla le démagogisme d'un régime qui n'avait fait que s'engraisser au détriment d'un peuple qui, malgré la richesse déclarée du pays, faisait face, tout seul, aux effets de la crise: les soins de santé n'étaient plus assurés, les routes n'existaient toujours pas et la misère grandissait. Les grèves étudiantes de 1989-1990 donnèrent donc le déclic de ce qui allait ensuite se traduire par une véritable débâcle pour le régime en place. Les grèves sectorielles combinées à un activisme politique virulent de la part d'opposants politiques récemment rentrés d'exil comme le père Paul Mba Abessole, figure emblématique de l'opposition gabonaise, finirent par affaiblir un régime aux abois qui se retrouva acculé et forcé de libéraliser le champs politique.

Cependant, plutôt que de rechercher une légitimité par des élections véritablement démocratiques et le travail bien fait, le régime Bongo entreprit de multiplier machinations et traîtrises politiques après machinations, préférant ainsi laisser en arrière-plan l'intérêt supérieur de la nation au profit de la préservation d'un régime dont l'incompétence notoire avait été à l'origine de la ruine du pays.

Le contraste entre Abdulsalam Abubakar et Omar Bongo est donc saisissant: il démontre le patriotisme du premier et la traîtrise du second. Par exemple:

1) En 31 ans de pouvoir, Bongo n'aura point su établir dans son pays, le type de processus démocratique transparent et juste qu'en seulement 9 mois, Abubakar a pu établir.

2) Abubakar a choisi d'accompagner la transition en quittant le pouvoir une fois le nouveau président élu. Il n'aura donc passé que 10 mois au pouvoir. Bongo, quand à lui, s'est présenté à chaque élection. Il ne compte point partir, mais plutôt mourir au pouvoir, comme un monarque. Là où Abubakar s'honore en choisissant de partir alors qu'il aurait pu gagner n'importe quelle élection au Nigeria vu sa popularité, Bongo s'accroche alors que sa popularité est au plus bas.

3) La transparence électorale au Nigeria est exemplaire. Au Gabon, Bongo comme à sa vieille habitude, continue d'annoncer les résultats avant même que les votes ne soient comptés.

4) Tandis qu'Abubakar essaie de casser la machine de corruption nigeriane en rapatriant ou confiscant les biens volés, au Gabon, l'on ne sait toujours pas le salaire que gagne Omar Bongo et ses sbires, ni l'étendue de leurs fortunes.

Quel avenir donc, pour le Gabon?

Il est évident qu'en se maintenant au pouvoir par la force, et en ne montrant aucun signe de vouloir quitter ce pouvoir, Bongo fait à la population gabonaise une violence que peu de peuples au monde seraient capables de supporter. Cependant, comme dans tout système despotique, la violence exercée par le régime sur son peuple crée toujours un effet dialectique qui fait que le peuple, une fois violenté à l'extrême, finit toujours par reprendre ses droits au travers d'une violence réciproque. La dialectique qui est donc en train de s'instaurer au Gabon est donc inévitablement une dialectique de combat. Puisque le nouveau gouvernement de Ntoutoume Emane n'offre aucune promesse de renouveau, il est fort à parier que le Gabon s'achemine inévitablement vers des lendemains brutaux. Ces lendemains brutaux le seront par la crise dans laquelle s'enfonce de plus en plus le Gabon. Ils le seront aussi de par le paysage socio-politique pourri que Bongo a suscité dans le pays au travers de son désir de replonger le Gabon dans le despotisme d'un absolutisme depuis longtemps honni par le peuple. Les promesses électorales de Bongo ne seront donc pas réalisées car, comme à son habitude, il comptait sur les revenus du pétrôle pour continuer à donner l'impression d'une économie qui vivait et s'auto-suffisait. Malheureusement, cette équation est désormais faussée et le Gabon peut désormais s'attendre à des soubressauts socio-politiques et économiques sans précédents pour notre pays.

Cependant, plus que jamais, ces soubressauts semblent également faire plâner la menace d'une instabilité qui, combinée avec la guerre civile qui sévit dans le Congo voisin et qui risque de se déverser sur notre pays, n'augure rien de bon. La grande question pour les Gabonais va donc être de savoir s'ils comptent laisser Bongo mourir au pouvoir ou s'ils comptent s'en débarrasser d'une façon ou d'une autre avant qu'il ne soit trop tard pour notre pays.

Cette question, jadis philosophique, prend aujourd'hui des allures de plus en plus probables. Car il y a un danger redoutable qui guette notre pays si l'on laisse Bongo terminer son mandat actuel. Ce danger se résume en quelques propositions dialectiques:

1) Seul le départ de Bongo avant la fin de son mandat actuel pourra permettre le changement démocratique espéré. En d'autres mots, Bongo ne sera utile pour le changement démocratique au Gabon que s'il part du pouvoir maintenant. Ce départ pourrait se faire au travers d'une démission, d'une révision constitutionnelle en vue de l'instauration d'une présidence symbolique ou tout simplement au travers d'un coup d'état par insurrestion populaire ou militaire. En chassant Bongo du pouvoir par exemple, les Gabonais se donneront les moyens de pouvoir valablement changer de régime et de système en rejetant tout ce qui caractérisait le système Bongo. Une telle démarche permet donc tout simplement de renouveler tout le système politique gabonais et d'y insuffler un souffle nouveau que le système actuel ne pourrait point garantir. Le système actuel est trop gros, trop tentaculaire, trop corrompu et trop conservateur pour pouvoir être facilement changé par le système Bongo lui-même. En d'autres mots, si on attend du système actuel qu'il se change tout seul, on attendra quarante ans de plus. La seule solution dans ce contexte serait donc de lui forcer la main.

2) Imaginons un seul instant que l'on laisse le temps à Bongo de terminer son mandat ou de mourir au pouvoir. Ce qui risque de se passer est que le système Bongo pourra se maintenir en place même après le départ de Bongo. Cela compromettrait donc toues les chances du Gabon de voir enfin s'établir un véritable état de droit chez nous. A ce titre, parce qu'on ne peut malheureusement pas espérer l'émergence d'un Abubakar du sein de l'équipe Bongo, la seule manière efficace de changer le système serait de forcer Bongo à partir avant la fin de son mandat. Si ceci se produisait, l'on pourrait, au travers d'élections transparentes, espérer l'arrivée d'un président qui, comme Abubakar au Nigeria, serait capable, en une année, de redresser la vie politique du pays en vue d'une action économique concertée et responsable par toutes les forces vives de la nation.

"Ah! Si Bongo avait été Abubakar" était notre souhait. Ce souhait traduit l'idée que Bongo n'est absolument pas capable d'accomplir la prouesse réalisée par Abubakar en 10 mois car, après 10 ans de pratique électorale pluraliste depuis 1990, le Gabon n'a pas encore pu établir la transparence électorale, politique ou économique dont le Nigeria a bénéficié au cours de ces 9 derniers mois grâce au leadership d'Abubakar. Ceci veut dire que, par son manque de patriotisme, c'est Bongo qui sera la cause de la guerre civile au Gabon. En résistant à la pression populaire qui, depuis 1990, demande son départ, Bongo n'a pas su tirer les leçons de ce qui se passe dans les pays voisins. Il n'a pas encore compris que le patriotisme qui met en avant l'intérêt primordial de la nation est le seul moyen d'éviter la guerre civile et l'instabilité soico-économique et politique. Bongo s'est donc transformé en président terroriste à la tête d'un état terroriste. Son but est de terroriser le peuple par des invectives politiques en vue de le réduire à l'immobilisme et au silence.

Cependant, maintenant que le peuple a compris qu'il est confronté à un dictateur terroriste qui ne veut point et ne peut se reconvertir en démocrate, le peuple risque de s'impatienter et de choisir la seule voie capable de lui apporter la libération immédiate: le coup d'état. En effet, le coup d'état risque de devenir la seule voie par laquelle le Gabon pourra se doter d'un Abubakar réformateur. Cet Abubakar gabonais aurait donc pour tâche non seulement de chasser Bongo du pouvoir, mais aussi de démanteler le système Bongo afin de le remplacer par un régime sain, respectueux des libertés démocratiques de notre nation et de son droit au bien-être.

Car, si Bongo avait été Abubakar, il ne laisserait pas le peuple aller jusqu'à rechercher des moyens extrêmes pour obtenir le changement espéré. Si Bongo avait été Abubakar, il ne se serait pas représenté aux élections du 6 décembre 1998. Si Bongo avait été Abubakar, il aurait envoyé à la retraite tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à ses régimes successifs et mis à la place une équipe totalement neuve. Si Bongo avait été Abubakar, il aurait laissé le nouveau gouvernement gérer la chose économique et se serait rendu invisible en allant rester au village sans se mêler de politique. Si Bongo avait été Abubakar, il aurait tout de suite dissout l'Assemblée nationale pour donner, dans la transparence, la possibilité aux opposants de gagner légitimement cette élection et de sortir le pays de la crise avec une équipe nouvelle. Si Bongo avait été Abubakar, Bongo ne serait plus au pouvoir car il aurait su que sa présence et la continuité de son système sont les plus gros dangers pour la paix et la stabilité au Gabon. Si Bongo avait été Abubakar, il aurait compris que sa présence à la tête du pays est une présence terroriste.

Malheureusement, Bongo n'est pas Abubakar et ne le sera jamais. Quel choix laisse-t-il donc au peuple? Celui d'une violence libératrice et la recherche d'un Abubakar guerrier qui pourrait chasser Bongo du pouvoir. Que Bongo ne s'y trompe pas. Aucun militaire gabonais ne se portera à son secours si un coup d'état était lancé au Gabon aujourd'hui. Qu'il ne s'y trompe pas non plus: aucun gabonais, comme à l'époque de Léon-Mba, ne descendra dans la rue pour le défendre. Au contraire, un coup d'état au Gabon aujourd'hui serait très facile à réaliser. Bongo ne peut compter que sur sa garde présidentielle non-préparée pour un assaut militaire. Sa garde présidentielle excelle uniquement dans le terrorisme qu'elle excerce sur la population gabonaise au gré des manifestations. Cependant, stratégiquement, cette garde serait incapable de le protéger contre un assaut militaire car un coup d'état militaire au Gabon ne durerait qu'une semaine au maxium. Même avec l'aide de la France, Bongo ne pourra résister longtemps à un tel assaut. Selon des sources stratégiques dignes de foi, un coup d'état militaire au Gabon aujourd'hui serait un coup d'état éclair car les commanditaires d'une telle action pourraient rapidement s'assurer le ralliement de l'élite militaire gabonaise et du gros des troupes actuellement stationnées dans des baraquements sans munition. Démoralisée par les excès du régime en place, les troupes régulières de notre armée et certaines composantes de la garde présidentielle ne voudraient pas risquer leur vie pour un régime dont les temps sont comptés. Leur intérêt serait donc de se rallier à toute insurrection dont le but serait de chasser Bongo du pouvoir.

Par ailleurs, on voit mal aujourd'hui la France se lancer ouvertement dans une guerre pour défendre Bongo car l'intérêt de la France serait plutôt de se rallier au nouveau groupe pour éviter des heurts avec la population gabonaise et la compromission de ses intérêts dans la région. Dans ce contexte, Bongo a tout intérêt à éviter à notre pays une telle possibilité de violence. Même courte, une guerre peut cependant être sanglante et au Gabon, personne ne veut d'un bain de sang. Cependant, dans cette équation du changement, il n'appartient pas au peuple gabonais de se plier aux exigences de Bongo, mais plutôt à Bongo de se plier aux exigences du peuple gabonais. L'on ne peut donc demander plus de patience à un peuple affâmé alors que la solution à ses problèmes n'est compromise que par la présence d'un seul homme et de son système qui ne tient en place que grâce à lui et à cause de lui: Omar Bongo. Il n'appartient pas au peuple de se sacrifier en laissant Omar Bongo ruiner son pays pendant sept années de plus, il appartient à Omar Bongo de sacrifier ses intérêts personnels pour permettre à ceux du pays de se réaliser. Toute solution immédiate aux problèmes du Gabon passe donc par le départ immédiat de Bongo et la suppression de son régime. Le Gabon n'est pas un pays difficile à gérer, mais il est ingérable avec le système Bongo en place.

Le BDP est donc prêt. Il attend le jour où apparaîtra au Gabon un Abubakar libérateur. Le BDP soutiendra ce libérateur, tout comme le feront tous les Gabonais. Tout ce que ce libérateur a à faire c'est se déclarer. Nous serons tous derrière lui.

Parce que l'éventualité d'un coup d'état éclair au Gabon deviendra de plus en plus plausible à mesure que s'accentuera la misère du peuple et l'entêtement de Bongo, les Gabonais doivent commencer à se préparer à une telle éventualité. Si cela arrivait, les Gabonais devront faire preuve de courage en apportant leur soutien aux libérateurs qui pourraient un jour pointer à l'horizon. Parfois, le changement doit se conquérir, quand on a en face de soi un régime indéracinable qui ne veut point collaborer avec son peuple en vue d'un changement politique pacifique, responsable et patriote.

La seule chose capable de nous éviter de tels déboires demeure la seule responsabilité de Bongo. La paix ne serait possible au Gabon que si Bongo se décidait enfin à entendre la voix de la raison et du patriotisme en acceptant tout de suite de:

1) Annoncer son départ volontaire pour Janvier 2000 lors d'une passation des pouvoirs faisant suite à des élections démocratiques auxquelles il ne participera pas.

2) Accompagner la transition politique en dissolvant l'Assemblé nationale actuelle pour de nouvelles élections législatives en Mai 1999.

3) Accompagner la réelection d'un nouveau président en Octobre 1999

4) Signer avant son départ un décret d'amnistie générale pour lui-même et les membres de son système, décret que le nouveau gouvernement se devra de respecter afin que ne soient point inquiétés les dignitaires de l'ancien régime.

5) S'assurer que les élections sont entièrement organisées par une commission électorale indépendante faite d'observateurs étrangers et de gabonais issus de tous les partis politiques, comme au Nigeria.

Ceci n'est pas difficile à réaliser. Si Abubakar l'a fait en 9 mois dans un pays instable de 100 millions d'habitants, Bongo peut, en 11 mois, le faire dans un pays paisible d'à peine un million d'âmes. Ceci n'est pas trop demander non plus car il y va de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans notre pays.

Les Gabonais sont prêts pour le changement dans la paix démocratique. Bongo sauvegardera-t-il cette paix en donnant patriotiquement satisfaction à leurs revendications ou préférera-t-il l'humiliation d'une instabilité socio-politique qui risquera de le chasser du pouvoir par la force et de lui ravir tous ses acquis? Personne ne veut d'une guerre civile au Gabon. Cependant, l'obstination terroriste de Bongo ne semble rien annoncer de bon. Pourquoi Bongo s'obstine-t-il à vouloir plonger son pays dans une telle impasse?

Ah! Si Bongo avait été Abubakar...

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