Journaux Gabonais:  L'Union


Le Ras-le-Bol des Commerçants de Mont-Bouët

Jean-Blaise OYONO (L'Union, 3/05/1999)

JEUDI, des contrôleurs de prix “collent” une amende de 800 000 Fcfa à un vendeur nigérian, propriétaire d’un grand magasin de quincaillerie, et une autre amende du même montant à un Libanais. Des sommes exhorbitantes que les deux commerçants pénalisés ne peuvent pas trouver dans l’immédiat. Les agents du ministère des Finances décident purement et simplement de fermer les boutiques en attendant que les sommes dues leur parviennent. Le président du syndicat autonome des commerçants de l’Estuaire (Synacest), Mamadou Manga, de nationalité sénégalaise, lance le mot d’ordre de fermeture des magasins. Dans la soirée, “il est arrêté par des éléments de la Direction générale des recherches”, soutiennent les membres du bureau du Synacest. Tous les commerçants libanais, sénégalais, maliens, nigérians, camerounais, béninois, etc, du marché Mont-Bouet ferment leurs magasins vendredi 30, jour de fin du mois. De Petit-Paris au rond-point de Mont-Bouet, en passant par la zone de la friperie et par les box numérotés de l’intérieur du marché, et même jusqu’au carrefour Léon Mba. Tout est désert. Seules, les commerçantes gabonaises sont venues ce matin pour vendre. La police a même dû ouvrir le grand portail de Mont-Bouet que le tout-puissant Mamadou tenait à garder fermé. Le racket quotidien u Les commerçants grévistes se disent fatigués d’être la cible privilégiée des agents des Finances, de ceux du ministère du Commerce, du service d’hygiène de la Mairie, et même d’agents douteux que l’on désigne à Mont-Bouet du nom de “contrôleurs fantômes”. Et cela, tous les jours de leur vie.

Michel Akakpo, jeune Béninois, dont l’épouse vend des pagnes, explique que “ souvent, les contrôleurs ne nous donnent même pas la raison de l’amende qu’ils nous infligent. Ils nous disent de payer sans discuter. Parfois, on bloque la carte de séjour” pour vous obliger à délier les cordons de la bourse. La corruption a gagné un tel degré qu’“ils inventent des motifs bêtes”, s’énerve Samba, sénégalais, vendeur de vêtements avant de préciser que ces agents “nous exigent un agrément pour les pantalons, un agrément pour les chemises, un agrément pour les chaussures, un agrément pour les ceintures”, pour le même magasin. Un autre gréviste raconte qu’il existe des contrôleurs “qui viennent nous proposer de nous laisser tranquilles si nous donnons 175 000 F cfa qu’ils mettent dans la poche au lieu d’aller payer 450 000 au ministère. Mais le lendemain, il envoie un autre agent pour venir encore nous coller des amendes”. Un troisième raconte comment, malgré le payement de taxes journalières, “la mairie est venue, il y a un mois, demander à tous les commerçants de cotiser pour tuer les rats”. Les cotisations partaient de 200 à 3 000 F cfa, pour une population de commerçantes estimée à environ 10 000. “Ces gens de la mairie sont revenus une fois. Ils ont pompé un produit de l’autre côté, là-bas” se rappelle Nzamba Nzamba Jean-Joel, agent contrôleur du Synacest. Mais aujourd’hui, il y a toujours autant de rats au marché de Mont-Bouet.


Bilan des 100 Jours : l'Embellie Attendue des Finances

Franck NDJIMBI, (3 mai 1999, L'Union)

RECOMMANDÉE par les institutions de Bretton-Woods, la restructuration de notre tissu économico-financier est au centre des préoccupations du cabinet Ntoutoume-Émane. Car, que ce soit à travers la lettre de cadrage adressée par le chef de l’État, Omar Bongo, au Premier ministre, ou encore lors de la déclaration de politique générale de ce dernier, celle-ci a occupé une place de choix. Concrètement, si pour Omar Bongo il s’agit d’assainir nos finances publiques tout en libéralisant notre économie, pour Jean-François Ntoutoume-Émane cela passe par la réorientation des interventions de l’État, la renégociation de la dette extérieure et l’élargissement de l’assiette fiscale conjuguée à la baisse de pression sur les ménages. Ce, afin , d’une part, de générer de nouveaux revenus et, d’autre part, de préserver le pouvoir d’achat des Gabonais d’une chute trop brutale. Seulement, en sa séance du 16 avril, le Conseil des ministres a procédé à la révision à la baisse du budget de l’État, faisant en sorte que celui-ci soit pratiquement réduit de moitié. Et, en scrutant la structure de cette loi des finances rectificative, l’on constate que l’allocation réservée à l’investissement semble riquiqui ­ elle représente 13,8% ­ alors que celle destinée au fonctionnement de la machine étatique est trop importante ­ elle est de 68%.

De ce fait, la diversification de notre économie et la modernisation de l’État pourraient prendre des allures de mission difficile, lourdeurs administratives aidant, il ne sera pas donné de rendre compétitif notre secteur productif. Tout comme, la création de nouvelles structures de production ne pourra être effective. D’ailleurs, les experts du ministère des PME/PMI s’en sont parfaitement rendu compte lors du séminaire récemment organisé afin d’explorer les pistes de réflexion à même de permettre une redéfinition de notre politique en la matière. Et, il en va de même pour la modernisation de l’État qui pourrait faire long feu. En effet, même si le ministre des Finances, Émile Doumba, sous la houlette de son Premier ministre, s’est, d’ores et déjà, attaqué au problème des fonctionnaires fantômes et aux avantages indûment acquis par certains agents de l’État, il y a lieu de dire que cette double opération aura du mal à arriver à son terme. Car, les vieilles habitudes ayant la vie dure, de puissants lobbies se mettent en branle et certains battent le rappel des armées de l’ombre. Au point d’avoir déjà réussi à infléchir la position de l’homme sur la question des fonds communs. Il ne serait donc guère étonnant de voir l’opération de recensement des fonctionnaires reléguer aux calendes... gabonaises.

TALENT DE NÉGOCIATEUR

En outre, la privatisation du secteur parapublic pourrait se muer en une opération de braderie du patrimoine national ou, pis, en un retour au colonialisme déguisé. Ce, du fait de la conjonction de deux situations inextricables. D’abord, la faiblesse de l’épargne nationale qui ne pourra suffire pour racheter toutes les participations mises en vente. Ensuite, la santé même de ces entités qui sont si déficitaires que l’État ne peut que les céder sinon à un franc symbolique, du moins à des taux qui ne permettront nullement de dégager une plus-value conséquente ou de créer de nouvelles richesses. De fait, l’élargissement de l’assiette fiscale ne peut être effective car, avec une récession estimée à 3,9% et une inflation à 2%, le pouvoir d’achat des Gabonais va baisser de 5,9% au moment où l’appareil productif existant est au bord de la faillite alors que des pans entiers de l’économie tels que le bâtiment, la distribution, le petit commerce…, pourraient être totalement asphyxiés. Assurément, les initiatives gouvernementales sont difficilement déchiffrables et, avec l’existence de nombreuses poches de résistance, elles pourraient toutes être stoppées en chemin. D’autant qu’elles semblent accuser un déficit en terme de communication. Toutes choses qui rendent encore plus urgente la renégociation de notre dette extérieure car, condamné à s’acquitter d’un remboursement à concurrence de 1 050 100 000 000 de nos francs alors que ses principaux produits d’exportation connaissent une mévente certaine, notre pays à tout le mal du monde à boucler son budget. Raison pour laquelle, le chef de l’État, Omar Bongo, a tenu à s’impliquer personnellement dans les négociations avec les bailleurs de fonds internationaux. Plus que du savoir-faire du gouvernement, l’avenir du Gabon dépend donc essentiellement du talent de négociateur de son chef, mais aussi de celui de son Premier ministre Ntoutoume Emane qui s’y connaît parfaitement.


Les 100 jours de Ntoutoume-Emane

MBEGAH EFFA (3 mai 1999, L'Union)

ARRIVÉ à la Primature au plus mauvais moment, Jean-François Ntoutoume Emane n’a pu bénéficier du moindre répit. L’Etat de grâce, il ne l’a pas connu. Et pour cause, sa nomination est survenue dans une conjoncture sociale explosive, marquée par la grève des fonctionnaires qui aura paralysé les secteurs de la santé et de l’éducation trois mois durant. Celle-ci avait débuté en pleine campagne de la présidentielle et certains n’avaient pas hésité à y voir une manipulation politique, voire politicienne. Dès lors, il était fatal que le prochain chef de gouvernement soit un homme sacrifié. Mais 100 jours après, si Ntoutoume Emane ne peut faire montre d’un triomphalisme excessif, il peut néanmoins se féliciter d’avoir tenu la dragée haute à ses détracteurs et plus spécialement, à tous ceux qui redoutaient de le voir à la Primature. De mémoire de Gabonais, on a rarement vu un Premier ministre aussi battant, véritablement au four et au moulin et chef d’orchestre d’une équipe ayant affiché la ferme volonté de réussir. Certes, on est encore loin du compte. Mais personne ne peut, à moins de faire preuve de mauvaise foi, affirmer que le gouvernement Ntoutoume Emane fait du surplace. D’abord, parce que le Premier ministre en personne est de tous les combats. Depuis qu’il est là, et conformément à son éthique et à la lettre de cadrage du chef de l’Etat, la Primature est devenue la plaque tournante d’une activité politique sans précédent. Les ministres s’y rendent à un rythme hallucinant qui pour prendre l’avis du chef du gouvernement sur un dossier important, qui pour rendre compte. Un changement de style et de méthode à mettre au crédit d’une équipe qui sait qu’elle sera jugée à l’aune de ses résultats. Et ce n’est pas tout. Les Gabonais, d’habitude sceptiques sur l’action des gouvernements qui se sont succédé en presque quarante ans d’indépendance, sentent celui de Ntoutoume Emane assez proche d’eux. Car, dès qu’une crise survient, on le sent arc-bouté pour tenter d’y apporter une solution. Cela avait commencé avec la grève de l’USAP et s’est poursuivi avec l’épineux problème du transport scolaire. Pour la première fois en effet, on a vu un gouvernement réquisitionner les moyens militaires pour assurer le transport des élèves dans leurs établissements respectifs. Il fallait y penser !

RÉFORME ET ASSAINISSEMENT u Jamais l’expression gouvernement inventif et de combat n’a autant revêtu tout son sens. Il ne s’est jamais passé une journée sans que l’équipe Ntoutoume Emane soit confrontée à un nouveau dilemme et chaque fois, elle a toujours réagi. Que les solutions apportées soient bonnes ou mauvaises est affaire d’appréciation. En tout cas, les jours qui viennent le diront certainement. Il n’est pas meilleur diagnostic que le temps. On sait que le Premier ministre avait fait de la réforme de la Fonction publique et de l’assainissement des finances publiques ses grands chantiers. Cent jours après, la machine se met progressivement en branle. Le recensement actuel des agents de l’Etat est la partie la plus visible de ce véritable défi. Car, pour y parvenir, Ntoutoume Emane n’aura pas seulement besoin de ses seules ressources physiques et intellectuelles. Il va falloir aussi qu’il mette à contribution toute son équipe dans une cohésion qui ne saurait souffrir de l’à-peu-près. Tous les gouvernements qui ont réussi étaient, avant tout, soudés. Et c’est ici que l’on attend particulièrement l’actuel gouvernement. L’assainissement des finances publiques, comme le recensement des agents de l’Etat, sont véritablement des dossiers à controverse. Et pour cause, beaucoup doutent de leur efficacité pour mettre en route les réformes envisagées. Il faut pourtant en passer par là. Les détracteurs en tous genres auront alors beau jeu, en cas d’échec, de dénoncer l’immobilisme du cabinet Ntoutoume Emane.

SUR LA BONNE VOIE

Cent jours après, quelque chose a bien bougé dans le paysage politico-social du pays. Il reste à parfaire tout ceci par des actions d’envergure. On sait que le chef du gouvernement, dans son souci d’assainir les finances publiques, a déjà concocté un plan de réduction du nombre pléthorique de hauts-commissaires pour le ramener à des proportions plus raisonnables. Un projet de revalorisation de la fonction de secrétaire général de ministère est en route. Si ce n’est déjà fait. En 100 jours, Jean-François Ntoutoume Emane est en arrivé à la conclusion selon laquelle ces hauts fonctionnaires ne doivent plus être à la merci des chefs des départements ministériels, comme c’est le cas actuellement, mais des rouages importants et dont la nomination sera, non plus sur proposition du ministre, mais sur décret pris par le chef de l’Etat. Enfin, Ntoutoume Emane peut parfaitement capitaliser la reprise dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Et celle, depuis hier, des activités de la SOGATRA. Dans ce dernier cas et pour y arriver, il aura fallu régler deux mois d’arriérés de salaires au personnel et réparer la cinquantaine de bus immobilisés pour faute de pièces détachées. Venu pour arranger les problèmes du pays, le cabinet Ntoutoume Emane, au-delà de toute démagogie, montre qu’il est possible de gouverner autrement le Gabon. La suite nous dira s’il s’est trop avancé ou si, au contraire, il a emprunté la bonne voie.


Mba Abessole Perd la Bataille de Radio Liberté

Jean Christian KOMBILA (28 avril 1999, L'Union)

LES difficultés continuent de s’accroître sous les pas du père Paul Mba Abessole avec l’enlisement de la crise qui a scindé en deux il y a plus d’un an l’édifice bûcheron, construit dans l’optique de conduire le curé au sommet de l’Etat. C’est du moins ce qui transparaît, avec le récent jugement rendu à Port-Gentil, par le tribunal de première instance de la ville, dans le procès en restitution de l’émetteur de Radio Liberté, intenté par Paul Mba Abessole, contre ses anciens compagnons, notamment le Pr Pierre André Kombila Koumba. Il y a quelques jours, en effet, la Cour d’appel de Port-Gentil a jugé insuffisantes les preuves fournies par Paul Mba Abessole pour soutenir les éléments versés au dossier, essentiellement la facture d’achat dudit émetteur, ainsi que ses accessoires. De même, que les documents bancaires exigés par les jurés pour attester de la propriété exclusive de l’émetteur litigieux par ce dernier, afin de justifier sa volonté de voir le tribunal lui reconnaître la paternité de l’émetteur de ce média qui avait servi pendant quelques années à répandre le discours souvent contraire à l’unité nationale que défendait le Rassemblement national des bûcherons. Pour le père Paul Mba Abessole, qui prétendait agir au nom de leur ancien fonds de commerce, la propriété de cette entreprise qui était gérée par Jean-Pierre Kombila, frère de son ancien Premier secrétaire, le Pr Pierre André Kombila, devait automatiquement lui revenir après la scission.

Certes, il s’est employé à soutenir, par le biais de son avocat, Me David Foumane Mengué, qu’après son exclusion, l’ancien député de Moabi se devait de lui remettre l’émetteur convoité mais, mal lui en a pris. Les débats ayant, non seulement entraîné l’apparition de personnes tierces, mais aussi tourné à la confusion. En outre, appelé à se prononcer sur l’expulsion jugée “illégale” par les concernés, les jurés outre qu’ils ont simplement relevé “l’affirmation relative à l’exclusion de Pierre André Kombila”, ont noté l’absence de preuve versée au dossier. Dans ce contexte proche de l’anarchie, et statuant par ordonnance de référé contradictoire, le tribunal a jugé irrecevable la requête et les prétentions du père Paul Mba Abessole, avant de le condamner aux dépens. Par ailleurs, le tribunal a plutôt reconnu à l’actuel maire de Lambaréné, Berthe Mbéné Mayer, qui dans la structure de cette entreprise de communication, était la présidente alors que le Pr Pierre André Kombila était PCA et, Paul Mba Abessole, rien du tout, la paternité de cette station. Cependant, ce jugement défavorable au père Mba Abessole, laisse la possibilité à ce dernier de se pourvoir en cassation. Toutefois, il démontre que, outre la difficulté pour la justice de mettre un terme définitif à ce feuilleton politico-judiciaire, les nombreuses confusions de genres ne sont pas de nature à faciliter le dénouement du procès.


Le Code de la Communication enfin en examen à l'Assemblée Nationale

L'Union, 01/04/1999 par ONDOUBA’NTSIBAH

La proposition de loi portant Code de la communication est actuellement en examen à l’Assemblée nationale. La commission de la communication de cette institution a d’ailleurs commencé les auditions des différents acteurs du secteur de la communication. Le tour est revenu au syndicat des professionnels de la communication (Syprocom), hier en milieu d’après-midi. Le texte conjointement initié par le Conseil national de communication (CNC) et le bureau de la chambre des députés précise d’une manière générale les conditions dans lesquelles devrait fonctionner la communication audiovisuelle et écrite dans notre pays. Jusqu’à présent c’est l’Ordonnance N° 7/93 du 1er octobre 1993 qui réglemente la communication au Gabon. La proposition de loi portant Code de la communication est volumineuse: une quarantaine de pages et 222 articles répartis en 11 titres. Le titre 1 traite de l’éthique professionnelle en trois chapitres. Le premier, consacré au journalisme, se répartit en 16 articles dont un réservé à la définition du journaliste professionnel . Lequel stipule : «On entend par journaliste professionnel, toute personne titulaire d’un diplôme de journaliste délivré par une école de formation reconnue, et attestant d’une expérience professionnelle d’un an minimum, ou tout rédacteur d’articles, commentateur, présentateur de journaux parlés et télévisés tirant l’essentiel de ses ressources depuis deux ans au moins de cette activité."

CARTE PROFESSIONNELLE

Le deuxième chapitre traite des professionnels de la production audiovisuelle et cinématographique.Dans son article 31 on lit notamment : «Par solidarité et par respect de la profession, le professionnel de la production s’interdit d’insulter un confrère pour quelque raison que ce soit, solliciter la place d’un confrère, provoquer le renvoi d’un confrère en offrant de travailler à des conditions inférieures.» Le chapitre 3 du titre 1, revient sur la carte professionnelle qui sera délivrée par une commission spéciale… Le titre 2 du Code la communication traite pour sa part des droits des professionnels de ce secteur. Réparti en 5 articles principaux. Notamment l’article 37 qui dit : «Aucun journaliste, aucun professionnel de la production audiovisuelle et cinématographique ne doit être inquiété, sanctionné ou poursuivi pour avoir eu accès ou tenté d’avoir accès à des informations quelconques, ou pour avoir publié ou diffusé des informations véridiques mais gênantes pour les pouvoirs publics, ou toute catégorie de personnes.» Le quatrième titre évoque l’expression de la démocratie et de la liberté de la presse. Il comprend 5 chapitres répartis en 13 sections. Les 5 chapitres traitent essentiellement du pluralisme d’opinion et de l’indépendance des médias, des sanctions relatives au secteur de la communication audiovisuelle ; de la presse écrite et des sanctions relatives à ce dernier domaine.

PORTEE DEFINITIVE

Concernant justement la communication écrite, il faut souligner que les aspects considérés tournent autour des modalités de création et de fonctionnement, des modalités de nomination des présidents et directeurs généraux des entreprises publiques de presse, du droit de réponse, des organes de presse étrangers, etc. Le titre 4 qui traite de la cinématographie comprend trois chapitres essentiellement consacrés à l’entreprise de production cinématographique, la distribution des œuvres cinématographiques et de l’entreprise d’exploitation des œuvres cinématographiques. Par contre les sept autres titres fixent les dispositions relatives à la technique, l’édition, la distribution, l’imprimerie, l’affichage, la publicité et des dispositions diverses. Par rapport à la publicité par exemple il faut citer l’article 215 qui interdit sur les chaînes de radiodiffusion et de télévision, la publicité concernant les produits et secteurs économiques tels que les boissons alcoolisées, tabacs, stupéfiants, casino, enseignements par correspondance, etc. En somme, la proposition de loi relative à la communication et actuellement en examen à l’Assemblée nationale affiche… complet. Tous les domaines de ce secteur y sont pris en compte et traités. Et tous les aspects s’y trouvent évoqués. Cependant, il faudra encore attendre les étapes du Parlement et du gouvernement pour connaître sa mouture définitive.


Une nouvelle interdiction de paraître pour l'hebdomadaire satirique "la Griffe"

L'Union, 31/03/1999 par ONDOUBA’NTSIBAH

Aujourd'hui, les lecteurs du journal satirique indépendant "La Griffe" tendent vers la troisième semaine sans lire leur hebdo. Après une longue période d’absence (environ 7 mois), "La Griffe" était reparue dans les kiosques au début du mois en cours. Mais depuis le 17 mars dernier, il a été à nouveau frappé par une mesure de suspension. Laquelle émane, cette fois, du Conseil national de la communication (CNC). L’institution chargée de réguler la communication a décidé d’interdire, une fois de plus, la parution du premier journal satirique indépendant du pays. Le CNC motive sa mesure par le non respect de certains articles de l’ordonnance N° 07/93 du 1er octobre 1993 relative à la communication audiovisuelle, cinématographique et écrite, notamment dans ses articles 37 et 44. Selon le CNC, le journal "La Griffe" a contrevenu à l’article 37 qui stipule que : "La création d’un organe de presse est assujettie à la procédure suivante : obtention d’un récépissé de déclaration de constitution auprès du ministère de la Communication... La déclaration de constitution contient obligatoirement l’identification complète du ou des propriétaires et du directeur de publication… " Or, le numéro 400 du 12 mars dernier était paru sans aucune référence sur l’identité du ou des propriétaires. De même que si les numéros 399 (5 mars) et 400 portent bien les noms du directeur de la publication et du rédacteur en chef, leur identification n’est cependant pas complète dans la mesure où ces derniers sont absents de leurs anciennes adresses connues des autorités concernées.

REVANCHARD La deuxième raison évoquée par le président et les membres du CNC, sur la base des dispositions de l’ordonnance précitée est l’absence de la liste complète des collaborateurs du journal "La Griffe", dans les numéros cités ci-dessus. Voilà en somme les raisons pour lesquelles les lecteurs du satirique indépendant sont aujourd’hui privés de leur journal. Des motivations juridiques fondées, mais qui n’exemptent pas le CNC de toute suspicion. Ces raisons suscitent un certain nombre d’interrogations. Relatives essentiellement à la volonté réelle du Conseil national de la communication à appliquer la loi, à la légèreté des responsables du journal "La Griffe", au ton particulièrement offensif pour ne pas dire revanchard de sa rédaction, etc.

Par rapport à la partialité du CNC, il faut se demander pourquoi cette institution a attendu le retour de l’hebdomaire satirique après une longue période d’absence pour constater que ce journal ne respectait pas la disposition de l’ordonnance précitée qui exige la publication de la liste des collaborateurs de l’organe de presse ? Quel organe de presse de la place respecte cette disposition ? Et combien d’organes ont déjà été condamnés pour violation de cette disposition ? Pourquoi, sachant bien que Michel Ongoundou Loundah, ancien directeur de la publication était disqualifié pour continuer à occuper ce poste, les responsables du satirique indépendant n’ont-ils pris aucune précaution ? L’absence de l’identification du ou des propriétaires de "La Griffe" dans le numéro 400, n’est-elle pas liée à la note d’information signée le 27 octobre 1998, annonçant la fermeture de la maison éditrice ? "La Griffe" serait-elle sans société éditrice fixe aujourd’hui ? Enfin, la décision du CNC n’est-elle pas officieusement motivée par le ton particulièrement dur et revanchard adopté par le satirique indépendant depuis son éphémère retour ? Enfin, on peut se demander pourquoi, comme nous l’a dit Me Oyane Pellegrin, jusqu’à présent les responsables de "La Griffe" tardent à saisir leur avocat dont le précédent combat s’était avéré efficace ? Autant de questions que se posent nombre de lecteurs du journal "La Griffe". Mais qui feront certainement réfléchir aussi bien les autorités du Conseil national de la communication que les responsables du satirique indépendant.


La réforme de l'État, le grand pari de Ntoutoume Emane

L'Union, 30/03/1999 par MBEGAH EFFA

La réforme de l’État ! L’expression, tant au propre qu’au figuré, est loin d’être une sinécure au Gabon. En mettant expressément le doigt dessus, Jean-François Ntoutoume-Émane sait qu’il s’agit là de l’hydre qui grangrène notre appareil administratif, lui donnant à la fois l’allure de ce monstre froid qui terrifie ses utilisateurs et amplifie l’incompréhension née des méandres de ses subtilités jamais maîtrisées. Mais en même temps, la réforme annoncée apparaît comme un coup de pied dans la fourmilière tant des habitudes ont été prises et toute tentative de réforme dans ce domaine apparaît comme un pari drôlement risqué. Le Premier ministre, saisissant la balle au bond, avait justitifié cette réforme par le nouvel intitulé du ministère de la Fonction publique auquel on a adjoint, à la formation du présent gouvernement, la Modernisation de l’État.

Cela signifie qu’il y a forcément problème, et donc, urgence. Jean-François Ntoutoume-Émane avait émis le souhait que l’administration fonctionne telle une entreprise privée avec ce que cela suppose comme efficacité et productivité. Etant donné que tout progrès n’intégrant pas le facteur humain est voué à l’échec, c’est, dans ce vaste chantier, la recherche de la dignité de l’agent public qui apparaît comme l’objectif prioritaire. Mais le Premier ministre, lui-même homme averti, a défini le cadre dans lequel cette dignité peut s’exercer. Cela commence, avait-il dit, par le respect scrupuleux des conditions et des procédures d’intégration dans la fonction publique, ainsi que le déroulement des carrières des fonctionnaires. Vaste programme. C’est à partir d’ici en effet que l’équation se corse. Non qu’il manque de texte pour y parvenir, mais en raison des abus qui se sont glissés et qui font douter plus d’un. Tout se passe en réalité, ainsi que l’avait souligné à l’ouverture de la présente session parlementaire le président de l’Assemblée nationale, M. Guy Nzouba Ndama, comme si l’exception était désormais la règle. La mauvaise utilisation de l’article 21, devenue 23 par la suite, a créé au sein d’une même administration des disparités telles que la fraude est venue à la rescousse des "oubliés" ou supposés tels. Petit à petit, la pymamide s’est inversée. Les fonctionnaires de la catégorie supérieure sont en passe d’être plus nombreux que ceux des catégories moyennes et sans que cela se fasse au mérite.

BAS SALAIRES

La réforme doit donc commencer par explorer ce domaine en jetant un coup d’œil critique sur les carrières des uns et des autres. Cela peut contribuer à rétablir non seulement la justice, mais encore, un équilibre des finances publiques au moment où le FMI (Fonds monétaire international) est à nos trousses. Comment en effet comprendre qu’un fonctionnaire à peine intrégré, soit déjà au sommet de la hiérarchie alors que ceux qui ont cru bien faire en respectant la procédure sont restés désespérément au bas de l’échelle ! Sans compter que la grille indiciaire elle-même est source de conflits. Parce que, en suivant son cheminement normal, aucun fonctionnaire ne peut en atteindre le sommet. Aujourd’hui, plus qu’hier, la notion de bonification indiciaire n’existe pas. Un postulant à la fonction publique titulaire d’une maîtrise n’est plus intégré qu’en A2, indice de début, c’est-à-dire 270, soit 152.000 FCFA de solde de base. Son collègue de la catégorie supérieure, lui débute, Bac plus 5 ou 6 à l’appui, avec l’indice 440, soit 220 000 FCFA. Autrement dit, pas grand chose. Ceci est-il une source potentielle de la fraude généralisée ? Aux spécialistes de voir. Autres causes ayant probablement entraîné les pratiques douteuses dans l’administration : les bas salaires qui font qu’un fonctionnaire de la catégorie A1, parvenu au sommet de la hierarchie ne touche que 630 000 FCFA ; celui de A2 :388 000 FCFA ; celui de B1 : 252 000 FCFA et celui de B2 : 178 000 FCFA. C’est pour toutes ces raisons que les revendications sur le relèvement du point d’indice et du Smig ont été tacitement soutenues par l’ensemble des fonctionnaires. Ces deux données concourent au relèvement de la solde de base. Enfin, pour être tout à fait complet sur ce chapitre, l’État devra revoir les modalités de nomination à des postes de responsabilité. Plusieurs fonctionnaires, faute d’avoir rempli les conditions requises, n’ont jamais pu toucher leur indemnité de fonction. Sans compter qu’à l’heure de l’informatisation, l’agent public attend encore plusieurs mois pour un simple texte d’avancement. La réforme et la modernisation de l’État, c’est aussi cela.


Stratégies de développement pour l'Union de l'an 2000

L'Union, 29/03/1999 par OTEMBE-NGUEMA

Tandis que les autres employés observaient, le vendredi 26 mars dernier, un arrêt de travail pour cause de fête de la Tabaski, les communicateurs en service au quotidien national "l’Union" et la direction de cet organe de presse se sont retrouvés, pendant près de huit heures d’horloge, à l’hôtel Rapontchombo de Libreville, pour définir les stratégies qui devraient permettre à cette entreprise de presse de relever les défis des nouvelles technologies afin de maintenir constante sa présence dans l’univers médiatique national. Le directeur de la publication, directeur de la rédaction, M. Ngoyo Moussavou, en ouvrant les travaux au nom du président du Conseil d’administration de la Sonapresse, M. Narcisse Massala, empêché, a justifié cette rencontre par le fait que "dans toute œuvre humaine, il est important de marquer une halte". Pour mesurer le chemin déjà parcouru et celui qu’il reste à faire, c’est-à-dire se fixer un certain nombre d’objectifs et se donner les moyens de les atteindre.

Selon, Ngoyo Moussavou, il s’agit donc de faire subir au quotidien "l’Union" une petite révolution qui lui permettra d’être en phase avec les mutations du troisième millénaire. Au niveau du contenu éditorial et de la formule (nouvelle maquette). En effet, la restauration des libertés individuelles et collectives ayant donné naissance à une presse libre et plurielle, au lendemain de la Conférence nationale de 1990 a obligé le quotidien "l’Union" à envisager un nouveau mode de traitement de l’information. Et ce qui sied en pareille conjoncture, c’est l’ouverture aux autres idéologies. C’est ce qui a fait dire à Ngoyo Moussavou, que "l’Union" doit davantage démocratiser l’information, c’est-à-dire, a-t-il expliqué, adopter la liberté de ton et de jugement, tout en restant objectif ; afin de satisfaire les Gabonais de tous les bords politiques. Signalons que cette nouvelle orientation fait que la publication cesse d’être un journal étatique ou le porte-voix du parti majoritaire. Toutefois ,a encore dit Ngoyo Moussavou, il demeure dans son rôle de service public, légaliste et respectueux des institutions républicaines et de ceux qui les incarnent. S’est ensuivie la réflexion sur "le devenir de l’Union 2 000", en trois points. D’abord l’exposé technique du chargé des missions, Joël Akouango, relatif à l’évolution des ventes sur les trois dernières années. On retiendra de cette intervention que le journal est actuellement dans une phase de dépression. Qu’il est tributaire des événements politiques qui déterminent les ventes. Aussi faut-il trouver des stratégies pour contourner l’omnipotence du politique sur l’information nationale, et partant sur la vie du journal. S’agissant des résultats de l’enquête de lectorat livrés par M. Bertrand Scirpo de la coopération française, il ressort que le journal a des lecteurs très variés, hétérogènes, avec une répartition équitable des pages et qu’il fédère et rassemble tous les gens et tous les goûts. L’examen de nombreux problèmes liés à la ligne éditoriale, ce que notre directeur a appellé "les difficultés liées au traitement de l’information politique", au contenu à donner au journal ­ exposé par le rédacteur en chef, M. Léonard-B. Mba Assoume ­, au rôle des chefs de pages, des correcteurs et des secrétaires de rédaction a entraîné une discussion animée.

Rappelons que l’administrateur délégué de la Sonapresse, M. Paul Bory, a fait également une apparition lors des discussions, une présence qui lui a permis de revenir sur les motivations premières qui ont amené la direction générale de "l’Union" à initier cette réflexion du jour et espéré que la contribution de chaque agent de "l’Union" présent renforcera davantage le rayonnement de notre quotidien national.


Dernière ligne droite pour la COMUF

L'Union, 29/03/1999 par Gérard MALEKOU

Ce n’est plus un secret pour personne : la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (COMUF) s’apprête à mettre la clé sous la porte. En effet, d’ici la fin de l’année, elle aura définitivement cessé les activités d’extraction et de production d’uranium. C’est dans cette optique que la Compagnie a entamé depuis un certain temps une campagne de réhabilitation et de réaménagement du site de Mounana. En fin de semaine dernière, une forte délégation s’est rendue dans la localité de Mounana pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux. Les délégués ont eu une journée chargée qui a débuté par une série d’exposés dans la salle de conférence Michel Pecqueur. Tour à tour, l’on a écouté Jean-Pierre Pfiffelmann, qui a exposé sur la présentation générale des principes de réaménagement, Sylvain Bernhard de la société Algade sur l’application de ces principes au site de Comuf. Enfin, Michel Cullierrier, directeur général de la Comuf a fait le point sur les travaux en cours. De l’intervention de M. Pfiffelmann, on peut retenir que les principes fondamentaux de réaménagement reposent sur la sécurité, l’environnement et la qualité (QSI ). Plusieurs comparaisons ont été faites entre ce qui se fait en ce moment à Mounana et ce qui s’est déjà fait en France. En somme, il s’agit pour la Comuf de mettre en pratique les avantages de l’expérience du groupe Cogema. Cette expérience a fait ses preuves dans l’affectation des bureaux à de nouvelles fonctions, le stockage des résidus miniers et le respect de l’environnement. M. Bernhard, quant à lui, a présenté l’application des différentes dispositions citées plus haut au site de Mounana.

En principe, ces travaux de réaménagement et de réhabilitation tiennent compte de normes internationales et justement, ce qui se fait en ce moment à Mounana cadre effectivement avec ces normes. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé M. Zitouni, expert de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a porté une appréciation favorable sur l’opération en cours. Cet exposé a également suscité une rafale de questions de la part du représentant du PNAE, le Dr Makagha liées à la protection de l’environnement. En conclusion, M. Bernhard a indiqué que les opérations en cours donnent des garanties scientifiques qui sont calculées et étudiées in situ. Le dernier exposant, M.Cullierrier, a fait un tour d’horizon de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire.Dans tous les cas, ces travaux prennent en compte trois éléments fondamentaux qui tiennent du sérieux et de l’image du Groupe Cogema : la qualité, l’environnement et la communication. Il faut souligner que les travaux d’extraction et de traitement de minerais seront terminés à la fin du mois de mai. Après cette importante réunion, les délégués ont été invités à découvrir in situ l’avancement des travaux. Si la carrière de Mounana présentait il y a encore quelque temps un panorama quelconque, aujourd’hui, c’est un amphithéâtre qui s’offre à la vue du visiteur, une véritable arène géante.Des digues ont été érigées et les espaces verts aménagés laissant imaginer l’attrait d’un tel cadre pour les touristes. Restera ­ et ce n’est pas le plus simple ­ à sensibiliser les populations par rapport aux conditions de fréquentation des lieux. Il est également important de signaler que l’ensemble des travaux de réaménagement et de démantèlement coûteront à l’entreprise, au final, environ 8 milliards de FCFA , montant auquel il y a lieu d’ ajouter près de 6 milliards pour l’application du plan social de fin d’exploitation de la COMUF. A ce rythme, la fermeture technique de la Comuf interviendra vers la fin de l’année 1999. Restera à décider de la fermeture juridique.


Le réseau GSM au Gabon

L'Union, 29/03/1999 par MOUIDY-MOUIDY

Le président de la République, Omar Bongo, a officiellement lancé vendredi dernier, le nouveau réseau de cellulaire GSM "Libertis" (Global system for communication). Cette manifestation riche en couleurs et en sons, a démontré la volonté des autorités de notre pays de s’adapter à l’évolution des outils modernes répondant au besoin de haute technologie. Intervenant pour la circonstance, le directeur général de l’Office des postes et télécommunications (OPT), Thomas Souah, tout en saluant la présence du chef de l’État à cette cérémonie, a d’abord indiqué que la réalisation de ce projet qui a coûté un peu plus de 5 milliards de nos francs, a été financé en partie sur fonds propres par l’Office. Il a ensuite relevé la contribution de l’Union gabonaise de banque (UGB), par un emprunt, ainsi que d’autres crédits de fournisseurs. M. Souah a, en outre, cité tous les projets de l’OPT qui sont à mettre à l’actif du président Omar Bongo; précisant que le nouveau réseau de cellulaire GSM "Libertis" est déjà pratique et adopté par plus de 120 pays, 291 réseaux pour plus de 100 millions d’abonnés. Dans sa phase de démarrage, le DG de l’OPT a expliqué que seules les localités de Libreville, N’toum, Port-Gentil, Franceville et Gamba en seront les premiers bénéficiaires, pour un total de 8 000 abonnés. La deuxième phase, quant à elle, concernera les autres localités du pays. Toutefois, Thomas Souah a noté que le souhait de sa direction générale est d’apporter par ce nouveau réseau "Libertis" "un message d’espoir".

PERFORMANCE

Pour Jean-Rémy Pendy Bouyiki, ministre d’État, ministre de la Communication, de la Poste et des Technologies de l’Information, avec le réseau GSM Libertis, notre pays accède à une technologie dont la performance fait de nous de "véritables privilégiés du système mondial de téléphone cellulaire". Aussi, pour une meilleure gestion du réseau et de son exploitation, le réseau cellulaire Libertis est-il confié à une filiale de l’OPT, laquelle devra la partager avec deux autres opérateurs strictement privés qui seront sélectionnés après dépouillement de l’appel d’offres international. Le ministre d’Etat a également saisi l’opportunité de ce lancement pour féliciter les responsables des entreprises qui se sont investis dans l’aboutissement de ce projet. Entre autres, l’Office des postes et télécommunications, le groupe CFAO Gabon représentant la société Motorola pour la dextérité et le savoir-faire dont ils ont fait montre. "Le réseau GSM que vous faites l’honneur d’inaugurer vient répondre au besoin, sans cesse croissant, de communication et de mobilité des utilisateurs", a ajouté Jean-Rémy Pendy Bouyiki. Le réseau GSM, respectant les normes internationales en matière de téléphonie numérique, permettra à un abonné gabonais d’être joint du monde entier sur le même numéro téléphonique et partout où il peut se trouver, au Gabon ou dans un autre pays. "Libertis", selon l’orateur, s’affirme aussi comme une réponse au plein emploi, souci constant des Gabonais. C’est donc dans cette optique ­ et en prévision de la privatisation ­ que l’OPT a voulu favoriser cette réalisation, l’émergence d’autres acteurs dans le secteur des télécommunications. Tout en confiant la commercialisation des services "Libertis" à des entreprises gabonaises.


L'audiovisuel public à la traîne

Célestin NGUEMA-OBAME, L'Union 26/03/1999 – Effet de mode, performance technique, village virtuel, outil magique de la communication : tout ou presque a été dit sur Internet. Le Web gagne tous les continents. Au Gabon, l’un des trois territoires de la communication traîne le pas. Les médias ne suivent pas. Il n’y a plus en cette en fin du 20e siècle de conférences, de colloques consacrés au concept de communication sans qu’on évoque l’apport « magique » d’Internet. Des cérémonies sont même organisées ici et là pour célébrer l’avènement de ce réseau des réseaux qui relie des millions d’ordinateurs entre eux dans le monde entier. Les spécialistes nous disent qu’Internet grâce a sa « toile d’araignée » appelée Web, offre d’innombrables possibilités à plusieurs personnes de discuter à distance sur un même sujet. De plus, des vidéoconférences permettent un dialogue avec caméra à distance. Et pour accéder à Internet, il faut avoir un ordinateur, un fournisseur d’accès (au Gabon c’est l’OPT), c’est-à-dire payer un abonnement au site Web. Cet outil informatique est considéré par les adeptes du Web comme indispensable au développement de nos sociétés, grâce à sa capacité d’échange rapide d’informations dans plusieurs domaines : économique, scientifique, culturel, etc. Mais malgré cette forte publicité dont bénéficie cette nouvelle technique, peut-on un moment prendre du recul en posant la question suivante : l’avancée incontestable de ces nouvelles technologies est-elle synonyme de progrès des médias au Gabon et de la communication en général ?

INTERNET N’EST PAS UN MÉDIA

Avant d’esquisser une réponse à cette interrogation, il est judicieux de relever que le regroupement des trois territoires (les médias, les télécommunications et l’informatique) sous le concept communication ne doit pas masquer leurs différences essentielles. Internet n’est pas un média. Les médias, (la radio, la télévision, la presse) collectent, organisent, hiérarchisent et offrent l’information à un public bien déterminé. Tandis que le Web permet d’avoir accès à une foule d’informations dans des domaines très divers à travers le monde. En cela, Internet est classé dans le territoire de l’informatique. L’autre territoire, ce sont les télécommunications qui, elles aussi, ont connu une avancée technologique fulgurante grâce aux satellites et aux câbles par le système interactif. Les satellites, en permettant la transmission instantanée des messages, l’on avait cru que cette avancée technologique allait réduire l’écart entre pays développés et pays en développement dans le domaine des médias. Au contraire, le débat Nord-Sud instauré par la commission Mac Bride en 1977 sur le Nouvel ordre de l’information et de la communication a été relancé. En tout cas, même si certains pensent que les satellites ont accompli la prophétie du village planétaire du Canadien Mac Luhan, il n’en demeure pas moins vrai que l’appropriation de ces nouvelles technologies suppose non seulement une nouvelle culture, mais impose d’autres contraintes d’ordre économique, financier et industriel. En réalité, aucun organisme, aucune institution ou même aucun Etat aujourd’hui ne peut prétendre acquérir ces nouveaux outils s’il ne dispose de moyens humains et financiers suffisants. Cela est surtout vrai en matière de radio et de télévision. Dans ces domaines, toute modification des normes de transmissions au niveau des télécommunications entraînerait nécessairement un changement d’équipement tant en amont qu’en aval de la chaîne de production et de diffusion.

PROBLÈMES D’ÉQUIPEMENTS

Aujourd’hui, l’audiovisuel public gabonais est confronté à ce problème d’équipements. Ceux qui ont été acquis lors de l’installation du réseau domestique Equasat en 1987 sont devenus obsolètes. Et ce réseau n’avait permis la couverture du territoire en télévision qu’à 80% des zones habitées. La situation de la télévision et de la radio gabonaises risque d’être encore plus précaire avec l’annonce de la privatisation prochaine des télécommunications dans le pays. Les médias publics devraient, bien entendu, suivre les changements technologiques qui vont s’opérer à l’OPT, notamment l’adoption du système de numérisation des équipements. Et comme on n’arrête pas le progrès, l’audiovisuel public gabonais a intérêt à se doter d’urgence de moyens humains et financiers conséquents, susceptibles de lui permettre de suivre l’évolution des nouvelles technologies. Faute de quoi, télévision et radio gabonaises risquent d’être des spectateurs passifs. Et Internet ne sera que l’illusion, une de plus, d’un progrès dans la communication à l’entrée du 3e millénaire.


CNSS : rencontre direction-personnel

L'Union, 24/03/1999, Jean-Daniel FOTSO-EYI

LE directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale, M. Serge Lasseni-Duboze, a amorcé par la Fondation Jeanne Ebori, hier matin, une série de visites des structures relevant de ses services, aux fins d’expliquer aux personnels la situation difficile que connaît actuellement la CNSS, due à la conjoncture économique de notre pays ; l’avenir des hôpitaux de la Caisse et la nouvelle convention collective signée au mois d’août dernier par la direction générale, les délégués du personnel et les syndicats. Le DG a expliqué à l’assistance, constituée de plus de la moitié des 800 agents que compte la Fondation Jeanne Ebori, que la CNSS enregistre depuis 1986 une perte régulière d’argent, même si l’objectif premier de sa structure n’est pas de faire des bénéfices. "Il n’y a plus d’année où nous n’avons perdu d’argent, chiffré à quelques milliards. C’est une situation qui est due au départ massif de la main-d’œuvre expatriée, entraînant la diminution importante des cotisations des employés reversées par les employeurs. Il y a aussi l’environnement intérieur de l’institution due à la gestion (hôpitaux, siège, département technique, etc.) et à l’augmentation des charges", a déclaré M. Serge Lasseni-Duboze.

Il a relevé que la masse salariale du personnel (2 300 agents à ce jour) représente plus du tiers des charges. Le DG s’est interrogé sur les augmentations (pensions retraites, prestations familiales...) qui pourront être arrêtées suite aux négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux, et que la CNSS devrait payer aux assurés sociaux. "Nous rencontrons des difficultés pour recouvrer les pensions, plusieurs sociétés sont en train de fermer leurs portes. C’est donc de notre ressort, de trouver des solutions. Il faut qu’on soit plus efficaces et plus performants, en nous remettant au travail", a souhaité le patron de la CNSS.

RESTRUCTURER LA CNSS

Face à ces difficultés, le DG a proposé la restructuration de la CNSS. Cette opération va débuter par une phase de réhabilitation de 12 mois. "Durant cette période, nous devons être plus efficaces vis-à-vis des assurés sociaux avec l’assainissement de leur fichier. Il s’agit de voir un peu plus clair sur la situation des hôpitaux de la CNSS. Nous devons nous fixer des objectifs, déterminer quelle est la meilleure formule de gestion. Les confier ou pas à une gestion privée. Les trois hôpitaux coûtant chaque année près de 10 milliards de FCFA. Le barème de nos prix ne s’est plus adapté et ne reflète plus la réalité du moment au regard de nos charges, surtout que nos hôpitaux ne sont pas subventionnés par l’Etat", a précisé M. Lasseni-Duboze. Le DG a fait savoir en outre que la plupart des hôpitaux de la CNSS avaient une autonomie au niveau des dépenses et qu’il était souhaitable que cette autonomie soit effective en ce qui concerne les recettes. "Notre vœu c’est que la CNSS serve réellement à ce pourquoi elle a été créée et qu’une formule soit trouvée pour garantir l’équilibre des hôpitaux. Trouver une forme de gestion mieux adaptée", a indiqué M. Lasseni-Duboze. A propos de la convention collective signée au mois d’août dernier, le DG a fait savoir qu’elle est déjà appliquée et que le reclassement des agents a entraîné une augmentation de la masse salariale de 900 millions de francs CFA. Il en a profité pour féliciter les agents de la Fondation Jeanne Ebori pour le travail accompli pendant quatre mois durant la crise du secteur public de santé, en accueillant tous les malades.

Le DG s’est par la suite prêté au jeu de questions-réponses des membres du personnel, entre autres : le Dr Emmanuel Ogandaga, Mme Pierrette Ngari, M. Ntoutoume. M. Lasseni-Duboze, dans un langage simple, a éclairé la lanterne de tout un chacun. Promettant d’entretenir, assez régulièrement, ce genre d’échanges, afin que le personnel soit au parfum de toutes décisions prises par la direction générale. L’intéressé devrait se rendre ce matin dans les structures de la CNSS à Owendo avant de recevoir cet après-midi les agents de la direction générale.


L'examen du code de la communication

L'Union, 24/03/1999 par ONDOUBA’NTSIBAH

ÇA Y EST. Comme l’annonçait, samedi dernier, le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Guy Nzouba Ndama, le Code de la communication, une proposition de loi conjointement initiée par le bureau de l’Assemblée et la présidence du Conseil national de la communication est en examen depuis hier. Les députés membres de la commission de la communication dans cette institution se sont réunis à la cité de la Démocratie à cette fin. M. Guy Nzouba Ndama a personnellement pris part à la séance de travail d’hier. La première chambre du Parlement aura, disait son président dans une interview qu’il nous a récemment accordée, besoin de 15 jours à 3 semaines pour terminer l’examen de ce document avant de le transmettre au gouvernement. Lequel dispose d’une soixantaine de jours pour l’examiner à son tour. Toutefois, conformément aux textes en vigueur, ce délai passé, l’Assemblée nationale considérera cette proposition de loi comme acceptée par l’exécutif. Mais nous n’en sommes pas encore là. Il faut cependant rappeler que le Code de la communication suscite jusqu’à présent plusieurs commentaires aussi bien de la part des communicateurs que des acteurs socio-politiques. Il est présenté comme étant une "sorte de bréviaire qui fixe un ensemble de règles du jeu en matière de communication dans notre pays.

Les professionnels de la communication souhaitent l’aboutissement de cette proposition de loi pour qu’enfin, beaucoup de choses soient clarifiées. Notamment dans la fixation des limites à ne pas dépasser par les professionnels dans l’exercice de leur métier... Les acteurs politiques, quant à eux, se montrent, même s’ils ne l’expriment pas explicitement, plutôt réticents. Certaines indiscrétions disent même que pour le gouvernement, le Code de la communication, dans ses termes actuels, ressemble à une "révolution". Et pour cette raison, les politiques estiment ne pas y trouver leur compte. Dans tous les cas, le fait que l’Assemblée nationale examine ce texte, constitue déjà une avancée significative. Pour le moment, la balle est dans le camp des députés de la commission de la communication pour faire la part des choses. Afin de le rendre acceptable à tous, sous forme de loi. Sur cette question, le président de cette institution parlementaire, l’honorable Guy Nzouba Ndama, avait manifesté son enthousiasme et sa détermination quant à l’aboutissement de ce texte.


Le Ministre de la Communication au Conseil National de la Communication

L'Union, 20-21/03/1999, J-F MAROLA

Le président du Conseil national de la communication (CNC), Pierre Dong a eu jeudi une importante séance de travail au siège de l’institution avec le ministre d’Etat Jean-Rémy Pendy Bouyiki, élargie aux directeurs de la RTG et de l’Agence gabonaise de presse. Les problèmes de communication étaient évidemment au centre de cette prise de contact qui survient un mois et demi après la formation du cabinet Ntoutoume Emane. Selon certaines indiscrétions, la réforme de l’audiovisue, un vieux projet et le code de la communication, actuellement sur la table de l’Assemblée nationale, ont occupé une large place au cours de cette séance de travail, ainsi que la création des entreprises publiques en la matière. D’autres questions ayant trait à l’élargissement du paysage médiatique national ont été également abordées. Le fonctionnement de l’Agence gabonaise de presse (AGP) a figuré en bonne place de cette entrevue qui augure de la nature des nouveaux rapports entre le CNC et le ministère de la Communication.

Le secrétaire d’Etat Zéphirin Rayita a, lui aussi, pris part à cette séance de travail dont l’importance n’a échappé à personne. Il en est également ressorti que désormais, la nomination des directeurs généraux des deux chaînes de radio et de télévision passera par le CNC qui proposera les noms à soumettre au pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat. Cette entrevue intervient un mois après la rencontre que le ministre de la Communication avait eue avec le monde des médias où des problèmes liés à la profession avaient été passés au peigne fin.


Une exposition photo sur le Bwiti au CCF de Libreville

L'Union, 19/03/1999 par Bona MASANU

Le hall du Centre culturel français était coloré d’une série de photographies (40 au total), qui ont suscité une réelle curiosité de la part d’un public cosmopolite, visiblement émoustillé dans la contemplation de ce clin d’œil. Au nombre des visiteurs le ministre de la Culture, des Arts et de l’Éducation populaire, Daniel Ona Ondo. Cette assistance voulait en savoir davantage sur les motivations profondes ayant animé l’auteur de ce reportage, Désirey Ahmed Minkoh, qui, dans sa démarche, tenait, entre autres, à faire découvrir l’immensité de cette richesse visuelle et gestuelle que recouvre le Bwiti. C’est l’aboutissement d’une œuvre commencée depuis 1995 qui a permis à l’auteur de sillonner une bonne partie du pays (Moyen-Ogooué, Ogooué-Maritime, Ngounié et Estuaire).

Ce rite animiste éminemment secret est pratiqué par plus d’une dizaine d’ethnies du Gabon. Et par ricochet, le reporter tenait à apporter sa modeste contribution à sa promotion, en particulier et à celle de la photographie africaine en général. C’est en somme des images de cérémonies initiatiques au caractère sacré ou symbolique, des maquillages, des accoutrements, des danses et des pratiques... Restituées comme telles par son objectif, sans aucune retouche, ni montage de la part de ce photographe de presse issu d’une famille bwitiste. Toutes les vues ont été prises sur le vif, et de manière instantanée, en dépit des apparences.

IMAGES FORTES

En sachant que le Bwiti est un rite secret se pratiquant la plupart du temps de nuit, les conditions de prise de vues dans certains temples, a-t-il révélé, n’ont pas été des plus aisées, pour diverses raisons. Certains "mbandja" (cases des hommes) n’étant que peu éclairés -- à l’aide parfois d’une simple torche indigène (résine d’Okoumé) -- le flash a donc été la seule lumière d’appoint. Des effets de flou, de translucidité, de surimpression, etc, ont été affectés à certaines images dans le but de renforcer le caractère mystique du sujet. L’auteur a loué "la sagesse et la collaboration de grands maîtres bwitistes" qui lui ont facilité la tâche, car ils ont consenti à "être dérangés dans leur méditation, sans percevoir un quelconque sacrilège, voire une profanation du rite", dans cette démarche. "Outre la guérison classique des malades, par les plantes ou les sortilèges, les initiations les plus poussées du Bwiti, avec l’aide d’une plante hallucinogène nommée Iboga permettent à l’initié de retrouver et consulter les esprits de la forêt et des ancêtres, par delà l’invisible ou la mort", a relevé un initié.

Ils sont bien nombreux ceux qui -- appartenant à toutes les couches sociales, voire de diverses confessions religieuses -- vont consulter les ngangas (sorciers) du Bwiti, très souvent plus à des fins privées que pour retrouver le souffle de leurs origines, ajoutait cet initié qui a rendu hommage à l’exposition "porteuse de ce souffle". "Secret d’initié", "Jeune bwitiste"(la relève), "Visions spirituelles", "Tandima", "Ebêka"(Feu sacré), "Mystic", "Transcendance", "Mbandzi", "Ilombo"... Des images fortes qui ornent le hall du CCF. Dans la foulée, un document audiovisuel y relatif, conçu et réalisé sur CD-Rom par Alain Meyo, a été projeté à l’attention de l’assistance. Rendant plus vivant l’aspect figé de ce clin d’œil... Cette exposition qui se tiendra également au Ré-Ndama du 6 au 18 avril prochain a entre autres bénéficié du concours de la société Brossette.